It's the beat that my heart skips when I'm with you

Eugene avait l'impression de vivre dans un film de Noël: Lui, le héros, l'homme célibataire qui ne croit plus en l'amour depuis que sa petite amie l'ai brutalement largué quelques mois auparavant. C'était bien entendu jusqu'à ce qu'il rencontre une jeune mère célibataire qui le fasse fondre totalement. Katarina Myers avait beau porter le nom de famille d'un célèbre tueur en série de fiction, mais elle avait surtout volé le cœur d'Eugene en peu de temps. Ça n'avait pourtant pas été le coup de foudre tout de suite, Katarina était l'exact opposé d'Eugene. Mais il avait appris à la connaître et aimait son fort caractère. Puis, il avait fait connaissance de sa fille et au fur et à mesure il était tombé amoureux de Kat. Il n'était pas certain que la jeune femme ressente la même chose pour lui, elle semblait le tolérer mais ignorait totalement si cette dernière ne le voyait uniquement comme un ami ou si elle pouvait envisager quelque chose de plus. C’était ce qu'il avait prévu de découvrir aujourd'hui.
Planté devant la boutique de Kat depuis plusieurs minutes, il chercha une façon de l'inviter à dîner - ou à déjeuner, selon ce qu'elle préférerait. Eugene voulait trouver quelque chose d'original afin de l'inviter et non pas une phrase banale et ennuyeuse. Il entra finalement dans la boutique, ayant décidé qu'il improviserait quelque chose. Katarina était à la caisse, toujours aussi belle. L'inconvénient du boulot de la jeune femme, était qu'Eugene ne pouvait pas vraiment lui offrir de fleurs, étant donné qu'elle bossait dans la seule boutique qui en vendait. En plein milieu de la boutique, Il se mit à paniquer « Excusez-moi, c'est bien ici qu'on peut acheter un poulet rôti? » Une blague minable. Il pensait que ce serait drôle de prétendre être dans une boucherie alors qu'il était entouré de fleurs et de plantes. Il vit une client lever les yeux au ciel et décida d'aller à la caisse à la rencontre de Kat. « Je pense que je viens de te faire louper une vente » fit-il en parlant de la cliente en question « Désolé » Eugene resta silencieux un moment, cherchant une façon de lui demander si elle accepterait un rencard avec lui. «Est-ce que tu... enfin, tu aimerais... manger? »

Comme -quasi- tous les après-midi, Katarina était dans sa boutique, à alterner entre passages en caisse et compositions florales. Si on lui avait dit un jour qu'elle aurait sa propre affaire, la jeune femme n'y aurait pas cru. Sans doute trop... planplan à son goût. Trop routinier, sans peps. Et pourtant, elle était désormais là, dans cette ville d'apparence calme et paisible, avec sa fille, et sans homme. Elle s'amusait pourtant à constituer chaque bouquet, à raconter une histoire dans chaque fleur qu'elle y intégrait. Et puis ça l'apaisait, autant que l'atmosphère qu'elle avait fini par construire et instaurer ici.
Ça faisait plusieurs minutes qu'elle avait remarqué Eugene, devant la boutique, le voyant apparaître et disparaître en fonction des pas qu'il faisait. Quelques semaines (mois ? Elle ne savait plus) qu'elle l'avait rencontré. Un mec au charme certain -bien qu'un peu maladroit- à l'humour douteux et tout aussi particiulier que son propriétaire mais réellement agréable. Et si elle était totalement honnête avec elle-même, Kat' prenait un malin plaisir à gentiment se moquer des situations dans lesquelles il s'embourbait avec une facilité déconcertante. Et son entrée ne manquait définitivement pas d'originalité. Visiblement, peu de personnes comprenait son humour, et certainement pas la seule cliente présente dans la boutique. Kat se pince les lèvres, pour se retenir de sourire face à cette entrée un peu ratée avant de souhaiter une bonne journée au seul prospect qui venait de mettre les voiles. Elle hausse les épaules, sans se formaliser. Elle n'était pas une vente près, c'était toujours plus calme à cette période, avant que ça ne remonte en flèche à l'arrivée de la saint-valentin. « pas grave. Mais je crois que si tu la recroises, elle va te regarder bizarrement » commente-t-elle en imaginant déjà la tête qu'elle ferait -coincée- si elle venait à le recroiser. « ou travailles tes blagues, elle n'a pas été très réceptive » ajoute-t-elle, l'ombre d'un sourire sur les lippes.  Elle tourne subitement la tête, un peu surprise par la question. « évidemment » répond-elle, trouvant sa question un peu étrange. Qui ne se nourrissait.  « mais pas encore » ce n'était que le milieu d'après-midi, mais en reposant son regard sur eugene, elle se demande un instant si elle n'a pas mal compris sa question. Elle l'évalue un instant, réfléchit et se demandant si elle ne délire pas tout simplement. « ou tu voulais dire, avec toi ? plus tard ? » elle pose ses fleurs, les mains en appui sur le comptoir. Katarina n'attirait généralement que la mauvaise graine, les mecs à problème et tous ceux qui, de toute façon, n'inspiraient pas confiance au premier abord. Alors qu'eugene puisse lui demander de déjeuner (diner?) avec elle lui paraissait un peu surréaliste. Mais elle ne voulait pas passer pour une andouille à avoir mal compris ce qu'il lui demandait.