(saint valentin) ali & vittoriu

Bien qu’il n’habite pas au coeur même de Windmont Bay, il avait eu vent des derniers événements ainsi que la mise en place d’une tombola dont les gains seront reversés aux victimes de la fusillade. Vittoriu Cesari n’a pas hésité à instant à acheter un ticket pour la bonne cause. Ce n’est clairement pas la perspective de passer une saint valentin en compagnie d’une femme qui l’a motivé dans sa participation. Il l’a fait avant tout pour donner un peu de son argent pour la cagnotte, prêt à faire un don si on lui permet.
Le quatorze février arrivé, le cascadeur se rend au Camp Tomahawk Lake. Arrivé sur les lieux, il gare son véhicule et ne perd pas de temps pour descendre. On pourrait penser que pour une occasion pareille, le trentenaire se serait apprêté, comme les quelques hommes qu’il croise sur son chemin. C’est vêtu de sa culotte de cheval et d’un polo qu’il arrive sur les lieux. Il se fiche bien de savoir que sa tenue de cavalier dénote parmi les autres prétendants – il n’est pas venu pour séduire – et après tout, il estime que sa partenaire devra l’accepter ainsi, comme il est. Après tout, ce n’est pas le slogan d’une célèbre enseigne de restauration rapide : venez comme vous êtes ? Il salue les quelques personnes à l’accueil et présente son ticket. On lui dit d’attendre car sa partenaire n’est pas encore arrivée – une retardataire ? Certaines diront qu’il faut savoir se faire désirer… Alors, sa partenaire aura très bien su retenir la leçon. Les mains plongés dans les poches, il fait quelques pas. Il aperçoit au loin Jean Shelley. Un sourire se dessine sur ses lèvres et il s’élance pour aller la saluer, presque ravi de croiser une visage familier parmi cette foule. Mais cela ne se passe pas comme il le voudrait, elle est rapidement accaparé par son Valentin de la journée. Au même moment, une voix l’interpelle. « Monsieur Cesari ? Votre partenaire est là », une jeune femme de l’accueil l’interpelle. Il lui adresse un discret rictus puis se dirige vers celle qui a été désignée comme sa Valentine pour le restant de la journée. « Bonjour, le destin nous a mis ensemble... », commence-t-il. « Je m’appelle Vittoriu », à moins qu’elle ne sache déjà comment il s’appelle – parce qu’elle l’ a reconnu. Il espère, en son for intérieur, ne pas tomber sur une pseudo-fan cinéphile – le reste de journée risquerait d’être plombé. Elle se présente comme se dénommant Ali. Il la détaille, quelques instants, du regard. Une jolie jeune femme, à première vue, blonde (ou plutôt fausse blonde, ou blonde décolorée, les dénominations capillaires ne sont pas son fort). « J’espère que tu ne regrettes pas ton partenaire », commente-t-il. « Au pire, tu peux toujours retourner à l’accueil et leur dire que tu t’es trompée dans le numéro », mentir pour échapper à un partenaire qui ne serait pas à son goût. Peut-être que certains ont déjà tenté pour se retrouver en compagnie de celui ou de celle qui leur fait de l’oeil. Lui ne s’aventurerait pas sur ce terrain-là. « Je te propose une promenade en barque. Dis comme ça, ça n’a rien de romantique mais je suis sûr que le paysage doit bien valoir son coup d’oeil », qu’il commente. Peut-être qu’Ali préfère une tout autre activité. Tout en discutant, ils se dirigent vers le point d’eau où les quelques barques les attendent. Il tourne la tête vers la jeune femme qui semble bien plus intéressée par son téléphone portable que par lui. « Un problème ? », qu’il demande, en tentant de capter l’attention de la blonde.