2 participants
SAT 16.APR.2022
DADDY ISSUES
23:14
La nuit n’avait pourtant pas commencé différemment de toutes les autres. Petite silhouette féérique jonchée sur ses Versace traine sa carcasse jusqu’au silver dragons, même quand elle n’y travaille pas. Rails, cigarettes et verres s’enchainent à une vitesse déconcertante, il encaisse son corps minuscule, l’exploratrice téméraire veut toujours aller au delà des limites, cherche sans relâche le point de non retour. Ses éclats de rire bruyants et mélodieux, ses hanches qui se baladent langoureusement, Elizabeth sait polariser l’attention de chacun et chacune, se repaît de leurs opales envieuses, voraces, quand on se sent très vide à l’intérieur, il est essentiel d’au moins exister dans le regard des autres. Ça prouve qu’on est en vie. C’est en titubant, s’accrochant aux épaules des uns et des autres, qu’elle quitte la chaleur humide du bar pour l’air frais et printanier des rues nocturnes. Tube de nicotine maintenu en équilibre entre les lèvres, elle se fait surprendre par des mains inquisitrices qui se posent par derrière sur sa taille, souffle méconnu et gênant dans sa nuque, le mouvement de recul est quasi immédiat et instinctif. L’assaillant lui est étranger, son cerveau embrumé par les substances projette des images de sa présence au comptoir, mais aucunes réminiscences d’un quelconque échange, ou même d’un prénom. Me dis pas que t’allais partir sans moi princesse, à demi-ton de menaces, sourire de prédateur, il attaque à nouveau, réenveloppe ses bras pressants autour de son buste.
Dommage.
Quand on a posé le pied sur l’une des nombreuses mines souterraines de son coeur, alors il faut s’attendre au pire. D’abord dans un geste sage, elle pose les paumes de ses mains sur le torse du trentenaire.Fais attention à ce que tu fais, t’as aucune idée de qui je suis , et dans le fond de ses orbites, s’embrase la flamme de sa folie meurtrière, psychoses qui ne la quittent vraiment jamais, c’est ce qui la rend si dangereuse, Elizabeth. Elle a l’air tellement inoffensive, la gamine au visage poupin. Aussitôt, l’agaçant sourire du garçon fond, l’air supérieur se remplace par une colère naissante exacerbée par les alcools. Tu me menaces, sale pute ?
Vraiment dommage.
En une fraction de seconde, la braise de sa cigarette avait fini sur la paupière de l’oppresseur, son genou dans les parties intimes. Maintenant qu’il était au sol après l’y avoir violemment poussé, elle s’acharnait à coup de talons contre son visage déjà tuméfié. Petite tempête explosait en grondements et éclairs d’une violence inouïe, et les autres, les fumeurs de soirée, ils assistaient à cette scène dans une stupeur indescriptible, ne faisaient évidemment rien.
23:46
Dans le fond d’une cellule de dégrisement, la lumière criarde et blafarde des néons exposait le maquillage légèrement coulé au coin de ses yeux, son corps avachi et épuisé de se battre contre les forces de l’ordre s’écroulait à même le sol. Recroquevillé contre le béton, ses jambes nues repliées sur elle-même, elle paraissait encore plus petite, presque enfantine.Vous avez aucun droit de m’enfermer ici, vous allez le payer , pestiférait-elle chaque fois qu’un policier passait devant son cachot. Néanmoins cette fois, l’homme s’arrête devant les barreaux et s’y accroche, agaçant air supérieur scotché au visage. Tout doux tigresse, on a appelé ton papa, il vient te chercher. Aux consonances de ces quatre lettres, le corps se tend immédiatement, elle se relève et se jette contre les barreaux, mais l’interlocuteur est déjà parti. Vous avez appelé mon père ? Panique qui enveloppe ses poumons à la vitesse de la lumière, les yeux s’écarquillent. Tout, sauf son père. LAISSEZ-MOI SORTIR DE LÀ, J’VEUX APPELER MON AVOCAT , pauvre idiote cocaïnée, Elizabeth n’est personne ici, si elle mourrait ce soir dans cette cellule, qui s’en inquiéterait ? Elle hurlera comme ça pendant dix minutes, pleurnichera qu’il ne doit surtout pas venir, elle qui s’était battue si fort pour ne jamais avoir besoin d’eux, c’était le pire des scénarios qui se déroulait sous ses yeux. Épuisée, droguée, alcoolisée, elle cède à l'abandon, se couche sur la banquette bétonnée, somnole ce qui lui parait être quelques secondes, quand des pas à nouveau la réveille.
Elle en croit pas ses yeux désorientés, Eli, la silhouette qui lui apparait semble irréelle. Elle frotte ses paupières, se redresse légèrement. Aucun doute, Koa se tient physiquement devant elle, ça n’a rien d’une hallucination. Sourcils qui se froncent, elle ne met que quelques secondes à comprendre ce qui avait pu se passer pour en arriver à ce dénouement et immédiatement un soupir agacé et sonore passe le seuil de ses lèvres. Ignorant complètement la présence du garçon autant détesté qu’aimé, elle croise les bras sur sa poitrine, affiche son air le plus contrarié possible.Hors de question que je parte avec lui.
La nuit n’avait pourtant pas commencé différemment de toutes les autres. Petite silhouette féérique jonchée sur ses Versace traine sa carcasse jusqu’au silver dragons, même quand elle n’y travaille pas. Rails, cigarettes et verres s’enchainent à une vitesse déconcertante, il encaisse son corps minuscule, l’exploratrice téméraire veut toujours aller au delà des limites, cherche sans relâche le point de non retour. Ses éclats de rire bruyants et mélodieux, ses hanches qui se baladent langoureusement, Elizabeth sait polariser l’attention de chacun et chacune, se repaît de leurs opales envieuses, voraces, quand on se sent très vide à l’intérieur, il est essentiel d’au moins exister dans le regard des autres. Ça prouve qu’on est en vie. C’est en titubant, s’accrochant aux épaules des uns et des autres, qu’elle quitte la chaleur humide du bar pour l’air frais et printanier des rues nocturnes. Tube de nicotine maintenu en équilibre entre les lèvres, elle se fait surprendre par des mains inquisitrices qui se posent par derrière sur sa taille, souffle méconnu et gênant dans sa nuque, le mouvement de recul est quasi immédiat et instinctif. L’assaillant lui est étranger, son cerveau embrumé par les substances projette des images de sa présence au comptoir, mais aucunes réminiscences d’un quelconque échange, ou même d’un prénom. Me dis pas que t’allais partir sans moi princesse, à demi-ton de menaces, sourire de prédateur, il attaque à nouveau, réenveloppe ses bras pressants autour de son buste.
Dommage.
Quand on a posé le pied sur l’une des nombreuses mines souterraines de son coeur, alors il faut s’attendre au pire. D’abord dans un geste sage, elle pose les paumes de ses mains sur le torse du trentenaire.
Vraiment dommage.
En une fraction de seconde, la braise de sa cigarette avait fini sur la paupière de l’oppresseur, son genou dans les parties intimes. Maintenant qu’il était au sol après l’y avoir violemment poussé, elle s’acharnait à coup de talons contre son visage déjà tuméfié. Petite tempête explosait en grondements et éclairs d’une violence inouïe, et les autres, les fumeurs de soirée, ils assistaient à cette scène dans une stupeur indescriptible, ne faisaient évidemment rien.
23:46
Dans le fond d’une cellule de dégrisement, la lumière criarde et blafarde des néons exposait le maquillage légèrement coulé au coin de ses yeux, son corps avachi et épuisé de se battre contre les forces de l’ordre s’écroulait à même le sol. Recroquevillé contre le béton, ses jambes nues repliées sur elle-même, elle paraissait encore plus petite, presque enfantine.
Elle en croit pas ses yeux désorientés, Eli, la silhouette qui lui apparait semble irréelle. Elle frotte ses paupières, se redresse légèrement. Aucun doute, Koa se tient physiquement devant elle, ça n’a rien d’une hallucination. Sourcils qui se froncent, elle ne met que quelques secondes à comprendre ce qui avait pu se passer pour en arriver à ce dénouement et immédiatement un soupir agacé et sonore passe le seuil de ses lèvres. Ignorant complètement la présence du garçon autant détesté qu’aimé, elle croise les bras sur sa poitrine, affiche son air le plus contrarié possible.
Ce n’est pas le jet lag. Ni le confort et la stabilité inhabituels de son couchage qui le maintiennent éveillé. C’est le silence. Le silence régissant sa boite crânienne est plus lourd encore que celui de sa chambre. Dans le désordre Koa sait faire le vide, grande qualité considérant son corps de métier. Certains diront qu’il a bien été formé, voir même qu’il est est né pour ça… Deux suppositions qui ont leur part de vérité, quand bien même il ne parvient toujours pas à les percevoir comme des compliments. Mais il ne s’en plaint pas, ou du moins ne s’en plaint plus depuis plus d’une décennie. Parce qu’il faut aller de l’avant. Parce que ressasser n’apporte rien. Parce qu’a défaut de ne pouvoir réécrire son passé, il est le compositeur de son futur… Mais jusqu’ici il n’a pas la prétention de se congratuler. La mélodie du premier mouvement semble off… Création originale qui laisse pourtant un arrière gout amer de plagiat sur sa langue.
Le silence.
Il n’entend pas les rouages incessants de l’habituelle mécanique de son overthinking. Le vide. Habituellement il l’accueille volontiers, mais ce soir, sa présence imposée le déstabilise. Qui pensait-il duper en allant se coucher de si bonne heure? Oblivious, il préfère se tourner vers l’option facile, plutôt que de faire face aux véritables raisons qui l’empêche de fermer l’oeil. Parce que des fois c’est plus simple ainsi. De remettre au lendemain ce genre de problème. Parce que ce soir là, non, il n’a pas la force de plonger dans les abysses de son subconscient.
Il grogne en s’extirpant de ses draps, et prend la direction du garage. C’est un peu un rituel. Faire monter son rythme cardiaque jusqu’à ce qu’il assourdisse ses tympans. Pousser son organisme au point de rupture en toute conscience, comme pour reprendre un semblant de contrôle sur quelque chose. Alors il lance une playlist sur l’enceinte bluetooth de la petite salle de sport aménagée. Il se lancera dans une routine d’étirement puis d’exercices de renforcement musculaire, puis de cardio, sans vraiment marquer de pauses une longue heure durant.
23:31
Trois appels en absences illuminent l’écran de son téléphone alors qu’il sort de la douche. Le numéro est masqué. A peine a t-il le temps de s’interroger que le combiné se met a vibrer a nouveau dans sa main, quatrième tentative du numéro inconnu. «… dérangement monsieur Esposito, mais nous avons placé votre fille en garde a vue pour trouble… »
Lunaire. Koa doit faire répéter plusieurs fois l’officier, complètement abasourdi. Son interlocuteur doit sans doute prendre son incompréhension pour la déception d’un père envers sa fille, et répète les faits d’un ton grave et emphatique, tandis que de l’autre bout du fil un rictus vient étirer les lèvres du pilote. Il se contient, fait tout ce qui est en son pouvoir pour répondre avec la voix la plus neutre qu’il soit.
—Comment avez vous eu ce numéro?
La réponse que l’agent lui fournie est la plus douce des musiques fredonnée à ses oreilles depuis un moment.
00:02
Le pilote pousse la porte du commissariat de la petite bourgade. Full black, du hoodie dont la capuche est rabattue sur le sommet de son crâne aux dunk low qu’il traine sur le lino brillant jusqu’au bureau faisant office de réception. Paperasse obligatoire, formulaires classiques à remplir. Les noms ne matchent pas, mais on le connait, alors on ne pose pas de questions supplémentaires. Lien ? Il sourit, narquois. Tuteur/personne à prévenir en cas d'urgence, couche t-il sur le papier.
Il se laisse guider par l’un des policier jusqu’aux cellules bien que la superficie du poste ne le nécessite pas vraiment.
Il observe l’incontrôlable détenue non sans amusement. Si un regard avait pu le tuer, de toutes les missions qu’il avait pourtant réalisées, c’était bien celui de Elizabeth. Mais il se contente de soutenir son regard en silence alors qu’un sourire est bientôt lisible dans ses yeux sombres avant de prendre possession de ses lèvres toujours scellées. Il se penche bientôt légèrement en avant, glissant ses deux avant bras au travers de la grille pour croiser les mains de l’autre côté de la cellule. Il sourit d’autant plus quand elle l’ouvre enfin, pour se plaindre, sans surprise, à la manière d’une enfant gâtée. Il glisse un regard à l’agent toujours en standbye à ses côtés, invitant le fonctionnaire à prendre congé d’un signe de tête.
— Okay… murmure t-il, scannant l’habitacle dans les moindres détails avant que ses iris ne se posent une nouvelle fois sur la jeune femme. Qu’est-ce qu’on fait du coup? Silence. La question est purement rhétorique pourtant il marque une pause, son regard glissant brièvement sur la montre dont est affublé son poignet gauche. Il ajoutera, un sourire naissant dans le calme de sa voix grave tandis que ses pupilles viennent chercher celles de son interlocutrice, un sourcil légèrement arqué pour la beauté du geste. Tu préfères peut être qu’on appelle… Daddy… n°2?
_________________
Plus j'en sais,
plus je sais que
je ne sais rien.
SAT 16.APR.2022
DADDY ISSUES
C’était comme si chacun des gestes de Koa Thompson étaient uniquement destinés à alimenter sa colère. Cette habitude agaçante de la toiser avec ce sourire narquois et cet air supérieur, enfant sauvage fronce les sourcils et observe avec méfiance lorsqu’il vient s’appuyer contre les barreaux de sa cage. Le pilote est définitivement l’être le plus insupportable qu’il lui ait été donné de connaitre, et paradoxalement, il était aussi celui qui l’attirait le plus. Papillon de nuit hypnotisé par la lumière, elle finit irrémédiablement pour s’en approcher, sans la moindre conscience qu’elle s’y brûlera très certainement les ailes. Gamine insupportable détourne le regard, agit dans l’indifférence la plus totale comme si il n’existait même pas, jusqu’à la fatidique interrogation, posée dans un ton un peu trop paternel pour être ignorée.
Ô combien elle détestait Koa Thompson et tout ce qu’il représentait, et pourtant, son parfum, sa voix, son sourire agissaient comme la pire des addictions sur son être. Irritant trouble qui s’empare d’elle et entrave quelque peu sa respiration, elle s’éloigne à contre-coeur pour pas gâcher ses effets, lui tourne le dos pour retrouver son inconfortable bloc de béton, pas prête au prochain coup qu’il portera. Tu veux peut-être qu’on appelle Daddy numéro°2 ? C’est dans un mouvement instinctif qu’elle fait volte face, battant qui s’éclate en fracas contre la cage thoracique quand il fait à l’allusion au pire scénario envisageable, elle se trahit par les paupières qui s’écarquillent subitement. Papa Esposito comme épouvantard ultime, la menace à demi-mots semble se révéler un peu trop efficace sur son corps frêle et souillé par les substances. Les genoux prêts à lâcher, Elizabeth est épuisée, comme un animal qui s’est trop longtemps jeté contre les parois du piège dans lequel il s’est pris, elle soupire bruyamment avant de claquer la langue contre son palais. Lamentable perdante.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|